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Les oiseaux du Parc National de Fazao-Malfakassa - Olivier Boissier de retour du Togo

Updated: Aug 10, 2022

29 June, 2022

Un Bateleur des savanes (Terathopius ecaudatus), espèce classée en danger qui se maintient dans le Parc National de Fazao-Malfakassa. Photo Olivier Boissier.


Olivier Boissier, le nouveau chercheur postdoctorant de l’IBCP, vient de rentrer du terrain au Togo et au Ghana. Au Togo, Olivier s’est attaché à recenser les oiseaux du Parc National de Fazao-Malfakassa, la plus grande aire protégée du pays, et à évaluer les menaces qui pèsent sur eux. Il était pour cela accompagné de nos collègues togolais Zebigou Kolani et Yendoubouam Kourdjouak, ainsi que de Lin-Ernni Mikégraba Kaboumba, étudiant en master à l’Université de Lomé. Olivier et son équipe ont exploré le parc par l’est, le nord et l’ouest, partant parfois sur plusieurs jours en autonomie afin de camper loin à l’intérieur du parc et ainsi accéder à des zones reculées. Auparavant, l’avifaune du parc n’avait pu être étudiée de façon approfondie qu’une seule fois, en 2005, en raison des difficultés d’accès.

La vallée de la rivière Kamassi au début de la saison des pluies, Parc National de Fazao-Malfakassa. Photo Olivier Boissier.


Durant leurs trois semaines de terrain, Olivier et son équipe ont recensé plus de 160 espèces d’oiseaux à Fazao-Malfakassa, ce qui représente environ 30 % des oiseaux du Togo. Parmi celles-ci, cinq sont nouvelles pour le parc et nombreuses sont celles qui n’avaient été contactées qu’une ou deux fois auparavant. Parmi les nouvelles espèces découvertes, citons l’Hirondelle de Preuss (Petrochelidon preussi), dont une colonie a été découverte sous un pont, et le Travailleur à bec rouge (Quelea quelea), une espèce que l’on ne trouve normalement que dans le nord du pays. Olivier a également réalisé les premières observations du Gobemouche à sourcils blancs (Fraseria cinerascens) au Togo depuis sa découverte pour le pays en 2005, en forêt riveraine à Fazao.

Colonie d’Hirondelle de Preuss (Petrochelidon preussi) avec adulte au nid, Parc National de Fazao-Malfakassa. Photo Olivier Boissier.


Olivier a également confirmé la présence à Fazao du très rare Salpornis de Salvadori (Salpornis salvadori) et de l’Aigle martial (Polemaetus bellicosus), classé en danger d’extinction. Le Bateleur des savanes (Terathopius ecaudatus), un autre rapace en danger, reste quant à lui relativement commun dans le parc. En revanche, Olivier n’a malheureusement trouvé aucune trace dans le parc du Vautour africain (Gyps africanus) ni du Vautour charognard (Necrosyrtes monachus), tous deux en danger critique d’extinction. Parmi les espèces menacées au niveau mondial ou régional et dont la survie dans le parc n’a pas pu être prouvée, citons le Bucorve d’Abyssinie (Bucorvus abyssinicus), l’Aigle couronné (Stephanoaetus coronatus) et la Cigogne à pattes noires (Ciconia microscelis).

Forêt sèche dans le Parc National de Fazao-Malfakassa. Photo Olivier Boissier.


Au-delà des oiseaux, Olivier a pu confirmer que le Colobe de Geoffroy (Colobus vellerosus) pouvait toujours trouver refuge dans le parc. Cette espèce de primate en danger critique d’extinction est endémique d’Afrique de l’Ouest et ne subsiste que dans une poignée d’aires protégées. Fazao accueille également des populations d’Eléphant de savane (Loxodonta africana) qui semblent être les dernières du Togo. Cependant, malgré les efforts et le dévouement des gardes, le parc national de Fazao-Malfakassa est menacé par une pression de braconnage intense ainsi que par la destruction de l’habitat et l’empiètement des surfaces agricoles. Ces problèmes sont exacerbés par un manque chronique de fonds et de personnel. La formation et le recrutement de gardes supplémentaires pour contrer ces menaces créeraient en outre des emplois pour les populations rurales et permettraient d’assurer la survie de la faune au Togo. La plupart des enfants du pays n’ont jamais vu d’éléphants ou de grands mammifères, alors que ceux-ci étaient encore communs il y a quelques décennies.

L’abattage illégal des arbres pour la production de charbon de bois constitue l’une des nombreuses menaces qui pèsent sur le Parc National de Fazao-Malfakassa et sa faune. Photo Olivier Boissier.


En plus de Fazao, l’équipe de l’IBCP s’est également rendue à Togodo, une réserve forestière de grande importance située au Sud-Est du Togo. Olivier y a effectué la première observation du Pic à ventre de feu (Dendropicos pyrrhogaster) pour le site, ce qui représente une extension de distribution pour cette magnifique espèce endémique d’Afrique de l’Ouest. Enfin, Olivier a participé à la formation de Lin-Ernni Mikégraba Kaboumba, un étudiant très prometteur de l’Université de Lomé. Cette mission de conservation s’est effectuée dans le cadre d’une collaboration avec le professeur Komlan Afiademanyo de l’Université de Lomé et Komi Mawunya Gbémou, conservateur du Parc National de Fazao-Malfakassa. Nous sommes très reconnaissants de leur coopération. Nous adressons enfin nos plus vifs remerciements à Tchamon Kodjo Assaï, Gafou Nadjombé et Dare Konam, gardes du parc pour leur aide et leur dévouement pour la protection du parc.

Olivier Boissier, Gafou Nadjombé, Tchamon Kodjo Assaï, gardes du parc, et Lin-Ernni Mikégraba Kaboumba, étudiant à l’Université de Lomé, partent étudier les oiseaux de Fazao. Photo Olivier Boissier.






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